Trevezel-La jonte
Velo découverte > 2017
GRANDS CAUSSES 2 017 (Saison 1).
Gorges du Trévezel, Canyons de la Jonte et de la Dourbie.
(120 km et 2 050 m de dénivelé).
Samedi 8 juillet.
Pour cette sortie club loin de nos bases, nous avons abandonné les terres cévenoles chères à Jeannot pour les majestueux Grands Causses. Nous ne sommes que neuf au rendez-vous, mais que du beau monde : Patrick, Joseph, Claude, Celse, Laurent, Stéphane, Guy, Jacques et votre rédacteur ; devraient se joindre à nous sur le versant occidental de l’Aigoual, Michel en voisin et Alex en baroudeur. Un itinéraire moins long, pourtant souhaité par certains, a été abandonné, faute de participant, aussi, le pauvre Guy a dû suivre le mouvement, enfin presque, il n’a ni terminé dans la voiture-balai, ni dans le ventre des accipitridés, nombreux en Lozère !
Nous partons en convoi jusqu’à Nant, distante d’une bonne heure de Ganges et nous nous préparons tranquillement sur la place ombragée du village niché au confluent de la Dourbie et du Durzon (487 m). Il est un peu plus de 9 h 00 lorsque Celse sert la jugulaire de son casque, c’est le signal du départ.
Le premier tronçon qui longe la Dourbie jusqu’à Saint-Jean-du-Bruel (511 m) n’est pas le plus attractif du circuit (on devient difficile), c’est pourquoi j’ai préféré commencer la balade par ces sept ou huit kilomètres de mise en jambe avant d’entrer dans le vif du sujet. Voilà qui aurait plu à Gégé qui renâcle toujours car mes itinéraires, affirme-t-il, débute toujours par de longues grimpettes.
Dans le bourg, nous prenons à gauche la D341 qui serpente, sans jamais être trop pentue, dans la forêt de la Montagne de Brante jusqu’au col de la Pierre Plantée à 862 mètres d’altitude, offrant un magnifique panorama sur la région et principalement le Causse Bégon et les contreforts boisés du Géant Gardois.
Lors de Vélo Découverte 2016, nous avions eu le bonheur d’y rencontrer un important rassemblement de vautours parmi lesquels le rarissime et scientifiquement appelé Gypaetus barbatus. Je parle de ce « casseur d’os », car, étant curieux et amoureux de la gent ailée, ce superbe charognard est mon oiseau préféré. D’une envergure de 250 à 280 centimètres comme ses cousins plus massifs le Fauve et le Moine, il ne pèse que 5 à 7 kg, faisant de lui, le champion incontesté du vol plané.
Aujourd’hui, nous n’avons pas cette chance, point de retrouvailles dans le beau ciel azur, seulement un quidam nommé Michel du Prunaret, venu en voisin grossir nos rangs. Après le regroupement et le salut à notre nouveau camarade, nous dévalons vers Trèves (568 m) par une succession de lacets et de courbes. Là, nous négligeons la D145 qui longe le Trévezel vers Cantobre où il se jette dans la Dourbie et, plus à gauche, la redoutable bosse conduisant au Causse Noir vers Lanuéjols pour emprunter à droite la D157 qui s’enfonce dans les gorges secrètes de cette même rivière. Le pourcentage étant modeste, nous pouvons, tout à loisir, admirer la splendeur sauvage de ce site délaissé des touristes, avec d’imposantes falaises, une végétation dense et un cours d’eau impétueux, du moins pour ceux qui lèvent un peu le nez de leur guidon. C’est dans ce coin que nous retrouvons notre fringant pédaleur de fond, parti avant le lever du soleil de sa lointaine circulade dufortoise pour réitérer son exploit de l’année passée, mais je crois, surtout, parce qu’il a aimé cette contrée et qu’il est désireux d’y revenir.
Après le lieu-dit, La Mouline, les choses se corsent car nous entamons la difficile montée qui rejoint la D986 à 1 039 mètres oscillant entre 10 et 13 %, davantage dans certains virages. Claude est parti à l’avant, il aime ça, entraînant les grimpeurs dans son sillage, c’est-à-dire Laurent, Stéphane, Alex et un peu en retrait Jo, derrière, le peloton s’égrène tout au long des 3 ou 4 km qui nous séparent du sommet où nous arrivons en ordre dispersé, certains exténués mais avec le sourire.
Manque Guy ? Au pied du mur, aurait-il renoncé comme lors de l’ascension du Mont Ventoux ? Mais non, il arrive, flegmatique avec un regard légèrement narquois à l’encontre de notre Président qui se préparait à le titiller, sa priorité étant de se ménager afin d’être en parfaite condition pour affronter le déjeuner dans les meilleures conditions!
La grande départementale, déserte en cette fin de matinée, est un long ruban sinueux et lisse qui traverse prairies et champs, descend puis remonte vers le col appelé « Le Bout de Côte » (1 011 m) avant d’attaquer une longue et enivrante descente dans la forêt domaniale de Roquedols puis le vallon du Béthuzon, les descendeurs sont à la fête derrière le Maître incontesté de la discipline, je veux bien sûr parler d’Alejandro. Il est un peu plus de 11 h 00 lorsque nous pénétrons dans Meyrueis par la rue principale, encombrée de voitures et de vacanciers, attirés par la renommée de cette commune inscrite, à juste titre, au patrimoine mondial de l’humanité. Il est trop tôt pour se mettre à table et trop tard pour le café, aussi, décidons-nous de continuer notre chemin.
Quelques kilomètres plus loin, nous entamons la dégringolade sur la Jonte par le ravin de Rounezenas dans un environnement à couper le souffle, l’un des plus spectaculaires des Grands Causses : c’est une découverte pour bon nombre d’entre nous. La voie est étroite, sinueuse, pentue et en assez mauvais état, mais quel paysage, souvent agrémenté par le vol majestueux des vautours, comme aujourd’hui ? Nous faisons plusieurs haltes pour admirer le site et prendre les rituelles photos qui illustreront ce récit. Arrivés au Truel, nous revenons sur nos pas pour retrouver le restaurant et notre cher trésorier, dont le ventre crie famine, car il est presque 13 h 00, certains le soupçonneraient d’avoir pris un encas pour tenir le coup.
Le restaurant des Douzes est un établissement idéalement situé dans le canyon de la Jonte, au pied des falaises et au-dessus de la rivière, l’emplacement est remarquable. Les cars de touristes s’y arrêtent depuis plus d’un demi-siècle en raison de sa renommée. Une table a été dressée au milieu de la terrasse fleurie avec un menu « spécial course » à 15 €, incluant dans un large choix, entrée dont une impressionnante terrine-maison, plat, dessert, café et vin, rouge ou rosé, à volonté. Le bureau du club, largement représenté, ce jour, a décidé de délier la bourse pour offrir l’apéritif à notre joyeuse bande. Ces repas qui coupent la journée en deux sont toujours des moments chaleureux de détente qui nous permettent d’échanger plus tranquillement qu’à vélo. Les entrées sont simples, copieuses et goûteuses, les plats assez élaborés et toujours généreux, pas assez, cependant pour Stéphane qui lorgne la gargantuesque assiette de fromages sur la table voisine. Le couple qui l’occupe, attendri par le regard convoiteux de notre ami lui propose de partager tomme, bleu, roquefort, chèvre et autres frometons, ce dont il ne se prive pas, discrètement cependant. Bien qu’il ne soit pas inscrit sur notre carte, la serveuse nous amène un second plateau et là, il se laisse aller, tout comme le reste de l’équipe, d’ailleurs, à l’exception de Patrick qui semble irréconciliable avec les produits laitiers. Nous continuons par une note sucrée fort appétissante et terminons par un petit noir agrémenté de la gnole du patron. Avec un service parfait et le sourire du personnel, cette halte est de loin la meilleure que nous ayons faite lors de nos sorties cyclistes. J’enverrai un petit mot de félicitation à la direction, précisant que nous repasserons par là dans le futur !
C’est sans beaucoup d’entrain que nous reprenons la route, d’autant plus que la seule partie montante de ces gorges est, comme je l’ai dit plus haut, à la sortie du hameau, jusqu’au Belvédère des Vautours. La route s’abaisse ensuite à l’approche du confluent avec le Tarn au pied de la fameuse Corniche du Méjean où trônent les Vases de Sèvres et de Chine. Puis nous entrons dans Le Rozier, dominé par la masse imposante du Rocher de Capluc, traversons la rivière vers Peyreleau (398 m) et attaquons, sous un soleil de plomb, la difficile ascension vers les Bonudes (747 m) au pied du Plô du Rouble sur le Causse Noir aveyronnais par la D29. Sous la conduite relevée de M. Orni, les plus prestes, je veux dire Laurent, Steph et Alex se sont mesurés sur cette pente escarpée, distançant Jo et moi-même et reléguant davantage Jacques, pédaleur prudent et régulier, Celse et Michel, grimpeurs déhanchés, Patrick, accrocheur pugnace courbé sur sa machine, et Guy, routier imperturbable dont la devise semble être : « doucement mais sûrement ». Nous les attendons un bon moment sous l’ombrage des pins. Lorsque chacun a retrouvé son souffle, nous reprenons notre balade sur le plateau et bifurquons sur l’étroite et sauvage voie qui dévale par le ravin du Riou jusqu’au point de vue découvrant l’impressionnante forteresse dominant La Roque-Sainte-Marguerite, que beaucoup connaissent sous un angle différent, c’est-à-dire sur la route du bas conduisant à Millau
Dans le village, nous remplissons nos bidons à la fontaine et repartons en ordre dispersé sur la D991. Une vingtaine de kilomètres nous séparent de notre port d’attache de Nant et je sens quelques velléités chez certains jeunes. Le terrain, où se succèdent plats et faux plats, est propice aux bordures et on oublie vite le sens de cette sortie basée sur la découverte, pourtant riche dans ce profond canyon avec des sites tels que le Moulin de Corp, le Pont des Fournets, le village fortifié de Saint-Véran, l’Ermitage Saint-Pierre aménagé en gîte de luxe, Les Gardies, la cité médiévale de Cantobre et bien sûr les spectaculaires formations rocheuses des deux rives du cours d’eau. Guère plus d’une demi-heure aura suffi aux plus véloces, davantage aux rouleurs suiveurs à cours d’entraînement dont je fais partie, plus encore aux traînards. Nous chargeons rapidement nos bicyclettes, saluons Michel que son épouse est venue récupérer et prenons le chemin du retour, cette fois-ci avec M. Callejo, qui n’avait pas gardé un bon souvenir de la fin de son trajet 2016, notamment dans la rude côte qui rejoint Sauclières et plus loin le Col de la Barrière : très belle performance, tout de même.
Je crois que tout le monde a apprécié cette magnifique balade dans un autre environnement que notre quotidien et pourtant à deux pas de chez nous. Elle a été instituée pour remplacer la très longue sortie au départ de Ganges vers Camprieu et la Dourbie, mais aussi pour perpétuer l’esprit de la virée à Barre-des-Cévennes, non reconduite cette année sur le calendrier du club. Plusieurs circuits, empruntant parfois des tronçons communs, particulièrement aux environs de midi vers les Douzes, sont possibles pour découvrir l’un des joyaux de notre Occitanie dans les années à venir vers le début du mois de juillet.
Le valereux Bourguignon