Pic de Wissou
Velo découverte > 2017
VELO DECOUVERTE 1
Pics de Vissou et de Tantajo.
(88 km et 1450 m de dénivellation).
Mardi 21 mars 2017
Un vent froid souffle sur Ganges et la station-service de Super U, nous regrettons de ne pas nous être couverts davantage, la température sera certainement meilleure lorsque nous serons à pied d’œuvre. Nous sommes six au rendez-vous Patrick, Claude, Jacques, Gérard, Joseph et moi, Joël s’est désisté la veille, Mario a oublié une consultation chez la dentiste et mon numéro de téléphone pour me prévenir, quant à Carlos, nous nous posons des questions, nous attend-il sur le parking d’Intermarché, est-il parti, nez dans le guidon vers Clermont-l’Hérault, erre-t-il dans le secteur de Saint-Gély-du-Fesc à la recherche de ses coéquipiers du samedi? Nous sommes maintenant habitués à ses moments d’égarement.
Lors de l’assemblée générale du club, je mettais enfui aux confins sud de l’Afrique pour me soustraire à la distribution des récompenses dont j’étais l’un des récipiendaires, mais notre Président, tenace et madré, ne m’avais pas oublié. Dès potron-minet, ce mardi 21 mars, j’ai eu droit, ho surprise, à une franche accolade, une amicale poignée de main et un bel objet qui trainera, solitaire, dans une grande vitrine. C’est le fruit ou plus exactement le prix de l’innovation. Merci aux membres du CC Ganges pour cette gentille et délicate attention.
Après une bonne heure de voiture et une viennoiserie à Fontès où nous a amenés Jacques, ceci, pour calmer mon ventre qui se plaint de l’avoir privé de petit-déjeuner pour cause de panne de réveil ce matin, nous nous rendons au point de départ, dans le village voisin de Cabrières, joliment situé à proximité du singulier Pic de Vissou dont on voit la pointe inclinée, des lieues à la ronde. D’autres cyclistes se préparent près de nous, ce sont des vététistes avisés qui ne s’embarquent pas sans biscuits puisqu’ils ont prévu un pique-nique tiré du sac, comme on dit dans le jargon cyclotouriste, avec des œufs, de la charcuterie, du vin local….et bizarrement des asperges, une bande de joyeux drilles en quelque sorte, intrigués toutefois de la présence dans nos rangs d’un VAE et de son intrépide coursier qu’il n’imagine pas d’un âge canonique.
Malgré un ciel bleu, à peine voilé et les rayons du soleil, le thermomètre n’indique que 12° lorsque nous nous élançons sur la D15 dans le sillage de Jacques, régional de l’étape, puisque Madame est originaire de Fontès. Après deux kilomètres plats, au milieu des vignes, la route s’élève en lacets au-dessus de la combe sauvage de l’Izarne et Gégé ne manque pas de proclamer haut et fort que «sorties» commencent toujours par une grimpette, je crois qu’il a raison mais dans un pays comme le nôtre, il est quasi impossible de ne pas monter, de plus, quoi de mieux qu’une bonne côte pour se réchauffer. Cette première ascension, longue de 2 à 3km ne dépasse pas 6% de plus le macadam est impeccable et le vent qui soufflait en bas, s’est adouci, nous roulons bon train, Jacques et Patrick dans la roue de notre frétillant vétéran, les autres en arrière épaulant le plus lourd cycliste d’Occitanie (c’est lui qui le prétend). Au sommet, nous arrivons sur un plateau dégagé offrant un panorama infini sur le plus grand domaine viticole du Monde avec des montagnes et la mer sur l’horizon. La descente sur le village de Neffiès est tout aussi confortable, nous le traversons le long d’un haut mur qui cache une circulade avec plusieurs bâtiments historiques, dont un imposant donjon et une église gothique. À la sortie de l’agglomération, la route, rectiligne, traverse les terroirs qui occupent le piémont du relief et la campagne à perte de vue, Gégé se sent pousser des ailes et file belle allure, entraînés par sa fougue, nous manquons la vicinale à droite qui coupe vers les collines et roulons jusqu’à Roujan, gros bourg très animé tourné, bien entendu, vers la viticulture comptant de nombreuses
Nous nous asseyons autour des tables installées sur le trottoir, perturbant le va-et-vient des piétons. Une jolie blonde vient à notre rencontre et nous demande avec un fort accent étranger mais dans un français impeccable si elle peut nous immortaliser dans nos uniformes fort seyants près de nos rutilantes bécanes. Quelle idée! Elle nous explique qu’elle est américaine, a appris notre langue en cours accélérés pendant un an et qu’elle est nouvellement installée dans le secteur avec l’intention de louer des vélos aux vacanciers et, enfin, qu’elle a besoin de photos de pédaleurs pour je ne sais trop quoiCertain, dont je tairai le nom, serait prêt à quitter le peloton pour se métamorphoser en chevalier servant pour lui dévoiler tous les secrets de la «Petite Reine» dont les dernières techniques de dérailleurs électriques ou de freins à disque. Gégé, de son côté, pensant que tout le monde se connaît aux États-Unis, lui dit avoir un ami à Baltimore, c’est vrai que son pote était musicien dans un groupe en vogue dans les années 70/80, mais notre photographe n’était pas encore née?
Après cet intermède, nous remontons la rue centrale de la ville, prenons la direction de l’Ouest et de Gabian sur la D13, légèrement vallonnée, via le Château-Abbaye de Cassan, comprenant une église romane, un prieuré et un palais abbatial plus récent, ces imposants bâtiments d’aspect austère n’invitent guère à la visite. Réputé depuis la présence romaine pour l’extraction du pétrole, qui cessa en 1950 ce coin est aujourd’hui entièrement tourné vers le vin et l’olive. Le village voisin de Pouzolles, signifiant «Puits à huile» porte d’ailleurs le même nom qu’une ville italienne proche du Vésuve où les habitants exploitaient ce produit visqueux à des fins thérapeutiques, cela au début de notre ère. Après Gabian, la route suit le fond du vallon encaissé de la Thongue jusqu’au lieu-dit de Castelsec où nous prenons à gauche une courte grimpette puis une descente sur le bourg actif de Laurens avec au loin, surgissant des rangs de ceps, la silhouette du Château de Grézan avec ses remparts crénelés. Nous suivons la D136 jusqu’au petit pont enjambant le ruisseau des Lentillères et bifurquons à droite sur une étroite voie qui grimpe dans la combe resserrée du Rebault, raccourci inopiné par rapport au programme. Notre modeste peloton s’égrène insensiblement dans cette côte d’à peine deux kilomètres mais avec 150 mètres de dénivelé tout de même, chacun à son rythme, Claude devant et Gérard derrière accompagné tantôt par Jo, tantôt par moi, Jacques toujours très régulier, enfin Patrick, plutôt facile malgré son manque d’entraînement, comme il le prétend. À la sortie, nous avons en point de mire, lovées dans un écrin de verdure sur le versant Sud du Parc Naturel du Haut Languedoc, les ruines d’une forteresse et de la chapelle Notre-Dame de la Roquede l’autre côté du Pic de la Coquillade (696m) point culminant du secteur, se trouve la station thermale de Lamalou-les-Bains. Nous nous regroupons devant le magnifique village de Cabrérolles qui s’étage le long de sa rue principale jusqu’au pied des monuments ci-dessus nommés.
Nous en profitons pour manger un morceau et enlever une épaisseur car le soleil daigne enfin réchauffer nos vieilles carcasses. Le décor conserve son côté naturel jusqu’à Caussiniojouls mais aux abords de Faugères, après un méchant raidillon, la vigne reprend ses droits, normal nous pénétrons dans l’un des crus les plus renommés de notre Province. Dans l’agglomération, nous prenons à gauche la D13E8 tortueuse qui monte dans la forêt traversée de nombreuses ravines où coulent des rus aux eaux cristallines. Notre parcours prend à gauche vers le hameau de Soumartre et plus loin le tunnel du Col du Buis (344m d’altitude). Là, nous retrouvons une belle et large route, parfaitement goudronnée qui plonge sur Bédarieux, construite sur les rives de l’Orb à seulement 201m d’altitude. Le Pic de Tantajo (518m) sur notre gauche que l’on aurait pu atteindre par une grimpée fort abrupte, se dresse telle une sentinelle sur la vallée du fleuve avec vue imprenable sur presque 360°. Il est juste midi et mes compagnons ont d’autres prioritésde s’échiner sur cette pente escarpée, ils ont, d’ailleurs, tous disparu pendant que je cherchais l’embranchement
Dans la rue sur le Puits, nous dégotons un restaurant au nom singulier de «Boca Loca» autrement dit «Bouche Folle». La salle est petite avec 7 ou 8 tables, dont 2 seulement sont occupées. La maîtresse de maison, jeune et souriante, nous installe dans le fond et nous propose le menu, entrée, plat, dessert, quart de vin. Sans être copieux, l’ensemble est correct, élaboré et de bonne qualité, qui plus est, très abordable (13,50€), le café est offert par Gérard sans oublier un joli supplément gratuit pour ceux non tournés vers le mur, la silhouette galbée de notre fort belle hôtesse. Là encore, point de délation, je ne citerai pas les noms des astucieux physionomistesés face au zinc
À 13h30 nous repartons sur la même avenue jusqu’au carrefour de Joli Cantel, tournons à gauche sur la D146 qui grimpe vers les exploitations de bauxite de l’Arboussas et de Brauhne avec parfois des pourcentages frôlant les 10%, une belle descente sinueuse nous amène à Pézènes-les-Mines, superbe cité recroquevillée autour de son château féodal des XIème et XIIème siècles. Elle doit son nom aux carrières que nous avons croisées sur notre chemin. Nous nous arrêtons près de la fontaine pour admirer l’architecture des vieilles maisons serrées le long d’étroites ruelles pour boire une gorgée d’eau non traitée, annonce un panneau, sauf Gégé, emporté par sa fougue qui dévale bien vite puis disparaît dans les courbes qui longent la Peyne, affluent de l’Hérault dans lequel elle se jette près de Pézenas. Il s’agit d’un modeste cours d’eau qui a d’importantes montées lors des fortes pluies, il est à l’origine d’un grand lac comme nous le verrons plus loin. Notre échappé, qui a dû regarder dans ses rétroviseurs, s’aperçoit qu’il est seul et revient donc nous rejoindre en maugréant je ne sais trop quoi, car bien sûr ça monte dur. Du coup, il ne sera pas sur la photo de Jacques.
Après avoir enjambé la rivière, la route s’élève doucement mais sûrement en contre-haut de la vallée dans un biotope sauvage avec une végétation dense où les nombreux cistes roses contrastent avec les verts de la forêt. En prime, le secteur est parfaitement tranquille car nous n’avons croisé que deux voitures depuis Bédarieux, par contre, ça se corse un peu avec une longue côte jusqu’au hameau de Paders puis une descente large de deux mètres et tortueuse pour rejoindre le radier qui franchit à nouveau la Peyne et encore une belle grimpette dont je ne me souvenais plus, vers le lieu-dit de Fournols. De là, la route dévale vers les méandres du barrage des Olivettes, édifié sur la ci-avant nommée et le contourne pendant 5 bons kilomètres. C’est encore très joli et paisible jusqu’à l’entrée de Vailhan, charmante localité, construite sur un pic rocheux dans un environnement très accidenté avec de belles formations rocheuses comme le Roc de Bandies ou le Grand Glauzy. Deux possibilités s’offrent à nous pour rejoindre notre point de départ, à gauche ou à droite et selon la remarque de Gérard, je vais fatalement choisir celle qui monte, gagné. C’est une voie étroite, qui, il y a encore peu de temps n’était qu’un chemin de terre, contournant la butte où se trouvent les ruines du Castelas, puis les versants abrupts des Louvières avant de rejoindre à mi-pente la D15 au-dessus de Neffiès où nous retrouvons la circulation, puis le plateau de Puech Haut, la belle descente le long de l’Izarne où nous nous regroupons et enfin la traversée des vignes jusqu’à Cabrières. Il est environ 16lorsque nous posons pied à terre, le ciel est grisâtre et la température n’est pas très élevée, aussi repartons-nous sans tarder, croisant nos collègues «aspergeophages» fort crottés, de retour d’une virée par monts et par vaux.
Ce premier parcours du «Cru 2017» a été plus accidenté que je ne le pensais, à ma décharge, je n’avais pas comptabilisé la dernière côte qui conduit à Fournols et quelques autres coups de cul. Gégé étant monté sans râler, j’en déduis que cette sortie convenait parfaitement pour une reprise.