Grands Causses
Velo découverte > 2018
Les Grands Causses.
(Samedi 28 juillet 2018).
(120 km et 1 900 m de dénivelé).
Guy, Laurent, Bruno, Yves et Jacky.
On ne peut pas dire que l’édition 2 018 des Grands Causses aura eu le succès de la précédente, car nous ne sommes que cinq au départ et encore, nos rangs comptent un franc-tireur débarqué de Côte d’Or, cousin du ci-devant narrateur. Guy, inscrit au dernier moment, vient à point nommé sauver l’honneur d’un comité directeur dilettante accaparé par des obligations et des engagements inopinés plus plaisants. Je rappelle, quand même, que cette sortie figure sur le programme de « Vélo découverte » depuis le début de l’année et qu’à la demande du bureau elle a été inscrite sur le calendrier du club, c’est-à-dire assez longtemps à l’avance pour s’organiser. Je précise, enfin, que, même si parfois il m’en coûte, et bien qu’ayant une vie fort active, j’ai toujours tenu mes engagements : voilà qui n’encourage pas les bonnes volontés à persévérer ! Ceci étant dit en des termes plus modérés que je ne le pensais, nous avons passé une très belle journée aux confins de la Lozère et de l’Aveyron.
Vers 7 h 00, nous sortons de Ganges en direction de Madières, puis du Caylar où nous attrapons l’A75, très chargée, que nous suivons jusqu’à La Cavalerie……. Vers 8 h 30, nous nous équipons sur un parking de Paulhe (368 m) au nord de Millau. Le temps est couvert, presque menaçant et la température exquise (21°) lorsque nous montons sur nos vélos. La D187 épouse les courbes et méandres du Tarn, colonisés par les campings, jusqu’à Cresse où, emportés par l’ambiance sereine, nous manquons la bifurcation qui franchit la rivière et folâtrons au pied des impressionnantes falaises du Causse Noir jusqu’à Peyreleau (454 m). Nous traversons successivement la Jonte, l’extrémité du Méjean en terre lozérienne puis le Tarn pour entrer dans Le Rozier et à nouveau dans l’Aveyron. Nous nous éloignons rapidement des berges grouillantes de vacanciers pour emprunter une petite route qui s’élève doucement vers Liaucous et Comeyras puis grimpe plus franchement sur le flanc boisé du Causse de Sauveterre.
Cette variante de 6 ou 7 km est un véritable bijou car nous progressons, certes sur une dénivellation sérieuse, dans un environnement tranquille, ombragé et spectaculaire, pas une seule voiture, pas un bruit sauf les chants des oiseaux et le bruissement du vent dans les arbres. Que du bonheur, même si l’ami Guy, nez dans le guidon, est en perdition à l’arrière ! Il faut dire qu’avec nos trois baroudeurs, la promenade n’est pas de mise dès que le relief s’accentue ? Personnellement, je roule à ma main, profitant au maximum de la beauté du lieu, il n’est pas certain, d’ailleurs, que je puisse aller beaucoup plus vite sur cette pente variant de 6 à 12 % pour me maintenir dans le sillage, du moins à vue de mes compagnons. Nous nous regroupons au croisement de la D32 (869 m), au lieu-dit « Les Bouscaillous », peu après la frontière lozérienne, sur le plateau couvert de prairies, de cultures et de bois, mosaïque de couleurs à la fois champêtre et reposante que nous découvrons jusqu’au Massegros, bourg réputé pour sa laiterie, la plus grande au monde, consacrée au lait de brebis. Nous y faisons une courte halte pour remplir nos bidons, réserver une table pour déjeuner entre 12 h 30 et 13 h 00 puis échanger quelques mots avec un sympathique massegrain qui s’étonne que l’un d’entre nous ne porte pas de casque, je le rassure et par là même le Monsieur sécurité du CC Ganges, bien qu’il s’appelle Bottini, il n’est pas membre du club, mais simplement un invité fortuit et une tête de pioche. La route monte et descend au gré des vallons jusqu’au hameau dit la Baraque de Trémolet (822 m), davantage sur la D46 qui, plein sud rejoint Saint-Georges-de-Lévéjac. Nous glissons à gauche sur le cul-de-sac menant au belvédère du Point Sublime (857 m), le plus grandiose de tous les Causses. De ce nid d’aigle, la vue embrasse le cirque de Baumes au-dessus duquel il est perché, le défilé des Détroits jusqu’au Roc des Hourtous vers le col de Rieisse, la corniche du Sauveterre en rive droite et les falaises du Méjean, de l’autre côté, en aval, même spectacle du Pas du Souci jusqu’aux Vignes où nous irons tout à l’heure. Bruno, qui ne semble pas apprécier la foule repart le premier, suivi de Guy, les autres profitant un instant de plus de ce splendide décor pour la rituelle photo souvenir. Sans être violent, le pourcentage s’accentue et nos deux compères ont décidé, soit de rattraper les autres soit de se jauger et ils foncent sans se soucier de moi, ce qui n’est pas grave car je ne suis pas pressé, de plus, je suis le seul à connaître l’itinéraire et j’ai les clés de la voiture ? Nous reformons le peloton au croisement des D46 et D995, sur les premiers lacets dégringolant sur les Gorges du Tarn et Les Vignes. La descente est en parfait état, le paysage est majestueux et il n’y a guère que nous car il est presque midi et les touristes se pressent dans les restaurants de la région.
Notre compère Guy, réglé comme du papier à musique, se verrait bien les pieds en éventail sous la terrasse ombragée de l’Auberge de la Jonte aux Douzes, mais nous n’y sommes pas encore et les 20 km qui nous en séparent, le turlupinent notablement, cette situation va encore perturber son sacro-saint rythme biologique ! Bruno, conscient de cette tragédie prend les choses en main et sa position de rouleur. Nous fonçons, calés dans sa roue, sur la D907 qui suit le cours du Tarn perdu au fond de son profond canyon. L’environnement est fabuleux avec sa végétation verdoyante surmontée d’impressionnants rochers dont celui de Peyrevert, celui de Cinglegros et celui de Capluc côté Méjean, ou le Cirque de Saint-Marcellin sur le versant opposé. Même avec un ventre qui crie famine, le Sieur Brunel n’est pas efficient pour soutenir le rythme fougueux du Corsaire et nous devons l’attendre sur le pont qui enjambe la rivière à l’entrée du Rozier. Nous repartons ensuite le long de la Jonte, au pied de la célèbre Corniche du Méjean où trônent les Vases de Chine et de Sèvres que survolent plusieurs grands rapaces et charognards. Les trois premiers kilomètres sont éprouvants car de 398 mètres dans le village, nous atteignons 548 au Belvédère des Vautours avec un vent assez défavorable, la D996 culbute ensuite vers le Truel, Le Maynial et enfin Les Douzes où nous arrivons à 12 h 50, juste à temps pour prendre la dernière table extérieure, car il y a beaucoup de monde. Le repas composé d’une entrée, d’un plat, d’un dessert est parfait et d’un excellent rapport qualité/prix comme l’an dernier, fromages et gnôle du chef en moins.
La reprise est toujours un moment douloureux, d’autant plus que nous allons attaquer l’ultime difficulté du circuit, l’ascension du Causse Noir au départ du Maynial (472 m), qui a laissé à ceux qui la connaissent un souvenir déplaisant, moi par exemple mais aussi Guy qui redoute pleinement cette escalade de 6 kilomètres. Nous nous sommes donné rendez-vous au sommet dans le hameau de Veyrau (883 m), chacun roulant à sa guise : Yves partant en avant-garde sans s’inquiéter de nous, le duo Laurent et Bruno, loin derrière, moi, d’abord dans le sillage puis largement distancé et enfin, Guytou, dos courbé et tête sur la potence, on le croirait parti pour l’échafaud ! En réalité, le pourcentage que je pensais effrayant, n’excède guère les 8 à 10 % avec trois ou quatre épingles ou rampes à 10/12 %, qui plus est, la chaleur bien qu’élevée n’est pas insupportable et de longs tronçons bénéficient de l’ombre bienfaitrice d’une abondante frondaison. Yves, d’abord, puis Laurent et Bruno, viennent à la rencontre des retardataires. Pour moi, ça va car je suis à quatre ou cinq cents mètres du but, mais notre malheureux trésorier est à la traîne terminant difficilement cette rude escalade.
Après un instant de repos, nous repartons sur le plateau accidenté du Causse Noir, vers Vessac, la Croix Luente et Montméjean au bord de l’à-pic qui dévale vers la Dourbie et La Roque-Sainte-Marguerite (410 m). Cette descente est assez technique avec plusieurs longues épingles relevées où les plus affûtés, je nommerai Bruno et Yves font la différence, créant le trou avec Laurent et moi, le cinquième larron, toujours très prudent appréhende cette pente avec beaucoup de circonspection. Les treize kilomètres qui nous séparent de Millau sont menés tambour battant, Bruno ne laissant à personne le soin de mener la danse, malgré un vent contraire. C’est un peu dommage pour le magnifique paysage que nous côtoyons et l’esprit plutôt nonchalant de ces sorties. Bien sûr, Guy a depuis longtemps lâché prise et nous devons l’attendre au premier carrefour de la ville. Nous terminons plus tranquillement les 6 km longeant le Tarn jusqu’à Paulhe où nous retrouvons le Rav4. Nous reprenons sans tarder le chemin du retour et arrivons à destination aux alentours de 19 h 00. Tout le monde se dit satisfait de cette virée dans l’un des joyaux de l’Occitanie. Un pot à l’Hôtel de la Poste conclura agréablement cette journée
Le Bourguignon bougon